Film & bréviaire en cours (1994-20…)

Rina Sherman dresse, dans « Swimming the Blues avec Jean Rouch », le grand portrait vivant du maître du cinéma direct, explorant ses méthodes, ses inspirations et la force du lien artiste-ethnographe.
Vers 1994, l’idée de réaliser un film sur Jean Rouch s’est imposée à moi. Je voulais saisir la légèreté et la vivacité de son esprit dans ses échanges avec autrui. J’ai d’abord filmé ses apparitions, aux côtés de Germaine Dieterlen, dans deux de mes œuvres : M. M. les locataires, ainsi que L’Œuf sans coquille, un film-opéra où il incarnait le rôle du valet.
Puis, à partir de 1998, j’ai entrepris de courts tournages avec lui seul, à Paris. Cette démarche a été interrompue par mon départ en Namibie et en Angola où, durant sept années, j’ai mené une étude de terrain approfondie auprès des Ovahimba.
La réalisation de Swimming the Blues, titre que Jean Rouch lui-même avait choisi, n’a pu reprendre que quelques années après son décès et est, à ce jour, en cours de montage. Ce film réunit désormais des séquences avec ses proches, compagnons de route et collègues.
Au fil du temps, l’idée d’un livre-hommage a mûri. J’ai souhaité inviter à écrire les mêmes acteurs, ainsi que d’autres figures, analogues ou nouvelles, issues du même univers : des chercheurs, amis français, néerlandais, nigériens, béninois, haïtiens ou nord-américains. Cette anthologie donne, grâce au recul du temps, la possibilité de redécouvrir quelques-unes des expériences de Jean Rouch à travers le regard de ceux qui l’ont côtoyé, mais aussi d’une nouvelle génération de chercheurs, auteurs de travaux remarquables sur son héritage, qu’ils l’aient connu ou non.